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lundi 14 novembre 2011

Pockets films : vers une média-citoyenneté ?

Des principaux de collèges de Libourne ont interpellé les élus de la ville sur l’utilisation vidéo que font leurs élèves via le téléphone portable. Utilisation qui pose la question de l’éducation à l’image, du droit de l’image, de la protection de la vie privée…et de la diffusion à grande échelle de ces images (volées) par le biais de réseaux sociaux ou de sites internet.

Les ateliers « Pocket-films » doivent permettre à nos jeunes Libournais de se familiariser avec l’outil vidéo de leur téléphone portable, de découvrir des logiciels de montage de film, et peut-être de réfléchir sur l’utilisation des images qu’ils vont produire. Il s’agit aussi de leur faire prendre conscience qu’aujourd’hui toute personne équipée d’un téléphone peut potentiellement créer un film avec, inventer une histoire, filmer une réalité immédiate, et transmettre aux autres.

Petit objet discret, peu coûteux, et facilement dissimulable, le portable, filme aujourd’hui ce que l’on veut. Outil simple et immédiat d’expression, le film pocket peut devenir un moyen d’expression, de témoignage d’un vécu, du réel.

Tout citoyen peut s’improviser journaliste : filmer à Gaza ou les manifestations en Iran…. filmer un accident dramatique telle que l’explosion d’une usine… cette mini caméra devient facilement clandestine et montre ce que la presse elle-même ne peut montrer.

Caméra cachée, clandestine, qui espionne, fouille à l’insu de l’autre induit forcément la problématique du droit à l’image, du droit de tournage, du vol de l’image de l’autre, de la protection de la vie privée : avec les pockets films on se passe des autorisations, on fait ce que l’on veut, quand on veut… et on a l’impression de s’improviser caméraman, reporter du réel, journaliste citoyen.

En effet, on peut porter un regard (forcément subjectif) sur des évènements survenant à tout instant et cela se vérifie dans le domaine de l’information où de plus en plus d’images (tsunami, attentats) sont enregistrées en l’absence de journalistes. Bien sûr ce ne sont parfois que des images brutes, plates sans paroles, aucun travail d’écriture ne vient expliquer ces images qui sont interprétables à volonté, et manipulables à souhait. Le journaliste/cinéaste écrit, construit, traduit une idée, un concept, un discours. D’ailleurs en Angleterre, deux agences sont spécialisées dans la collecte et la revente de ces images et la BBC leur consacre l’un de ses services…

Chacun devient un reporter en puissance. Les manifestations sont filmées et immédiatement partagées sur les réseaux de type Facebook. Les citoyens s’improvisent journalistes, témoignent d’une réalité vécue, certains évitent et contournent ainsi la censure en racontant avec des images accompagnées parfois de commentaires ce qu’ils vivent et ce qui se passe. Est-ce du film ou du captage d’image ? J’ai envie de dire que là est la question ! La construction d’un film, peut elle faire l’économie d’une construction narrative ?

Pour nos élèves la problématique que pose le happy slapping, ces “snuff movies” d’un genre nouveau, dans lesquels un groupe de personnes agresse quelqu’un, filme l’agression avec un téléphone et diffuse le film avec le même téléphone, ne les tourmentent pas.

Le principe du droit à l’image est énoncé par les tribunaux dans les termes suivants : « toute personne a, sur son image et sur l’utilisation qui en est faite, un droit exclusif et peut s’opposer à sa diffusion sans son autorisation ».

Nous avons fait le choix-politique- à Libourne d’ouvrir cette discussion avec la jeunesse, de les aider à comprendre qu ‘on ne peut pas tout faire avec un téléphone portable, que l’on doit respecter la personne humaine dans son droit à disposer d’elle-même. Nous avons fait le choix à Libourne de mettre en place des formations pour aider à la formation du jeune citoyen internaute, de l’éclairer sur ses droits et devoirs en matière d’images.

Une fois les questions d’éthiques expliquées, on peut travailler autour de l’utilisation du téléphone, ouvrir de nouveaux champs des possibles, inventer de nouvelles formes de créativité, qui méritent d’être initiées, accompagnées, soutenues…

Les films réalisés par les jeunes libournais seront diffusés le samedi 19 novembre 2011 dans le cadre du Festival des 6 Trouilles.

A vos portables, prêts, filmez !

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