La mobilisation sera-t-elle aussi forte que celle contre le CPE
(contrat première embauche) ? En 2006, la jeunesse s'était vivement
opposée à ce contrat de travail spécifique – finalement retiré – pour
les moins de 26 ans, avec période d'essai de deux ans.
Le projet de loi Travail El Khomri est sans aucun doute le plus important acte réformateur d’inspiration néo-libérale de
notre gouvernement prétendument socialiste.
Jusqu’à
présent, le code du travail constituait le socle minimal de protection
des travailleurs et l’accord d’entreprise ou de branche ne pouvait qu’en
améliorer les dispositions.
Sont visés : la durée du travail et la destruction dans les faits des 35
heures, la remise en cause du repos compensateurs, la réduction de
l’indemnisation des licenciements et l’encadrement du pouvoir des juges.
Sans oublier les conditions du dialogue social en entreprise puisqu’il
est prévu que les syndicats minoritaires pourront contourner le droit
d’opposition des syndicats majoritaires par un référendum d’entreprise.
Cette loi El Khomri remet en cause l’héritage
de 150 ans de luttes sociales, syndicales et politiques de notre pays et
opère le saccage des principes sociaux républicains issus du programme
du Conseil National de la Résistance.
Pour William
Martinet, président de l’UNEF, "le seuil de tolérance à la précarité des
jeunes est largement dépassé. Concrètement, lorsqu’on regarde
les 52 articles du projet de loi, on peut le résumer en trois points :
travailler plus, gagner moins, tout en pouvant se faire virer plus
facilement", dénonce-t-il.
Premier point de discorde : l’allongement du temps de travail des apprentis de moins de 18 ans.
Il pourra être porté jusqu’à 10 heures par jour et 40 heures par
semaine (au lieu de 8 heures par jour et 35 heures par semaines
actuellement). Un "recul inacceptable qui remet en cause la protection
des mineurs", selon l’UNEF, car elle pourra concerner des apprentis de 15 ans.
Second point de discorde : "le
plafonnement des indemnités prud’homales qui va créer un ‘droit au
licenciement abusif’ et qui va toucher directement les jeunes",
explique William Martinet. En clair, en cas de licenciement abusif, vos
indemnités seront plafonnées et fixées en fonction de votre ancienneté
dans l’entreprise. Aujourd’hui, lorsque les juges prud’homaux
considèrent qu’un licenciement est abusif, l’employeur est condamné à
verser des indemnités qui tiennent compte de la situation personnelle du
salarié (âge, famille, handicap, etc.).
Exemple de mesure qui pourrait toucher les jeunes diplômés avec la loi El Khomri : pour les salariés ayant moins de 5 ans d’ancienneté, le maximum d'indemnités ne pourra plus dépasser les 6 mois de salaire.
Le but annoncé du gouvernement est "de lever un frein à l’embauche". Le
risque selon les organisations étudiantes ? Faciliter le licenciement.
"On est déjà précaire pendant nos études, puis précaire pendant
l’insertion professionnelle. Avec ce projet, le gouvernement nous
explique qu’il va falloir accepter d’être précaire toute notre vie",
déplore l'UNEF.
Et enfin : le plafond du temps de travail hebdomadaire.
Si la semaine de travail reste à 35 heures, la durée maximale (et non
pas obligatoire), elle, pourra être portée à 60 heures par semaine.
Et pourtant les cadeaux aux entreprises sont légions ! 30 milliards d’euros d’allègements de
“charges” avec le CICE, recours au travail dominical, politique d'austérité des administrations publiques et sociales, et maintenant avec cette loi le gouvernemant pense lutter
contre le chômage en transformant les travailleurs en précaires à vie,
réduits à leur force de travail immédiate et remplaçables au prix d’une aggravation des inégalités et de la pauvreté !
L’objectif de notre gouvernement gestionnaire est de diminuer les
statistiques du chômage au prix d’une destruction des droits sociaux des
travailleurs et d’un accroissement de la pauvreté, au nom de la
sacro-sainte compétitivité des entreprises.
Peu importe que la
compétitivité des entreprises françaises ait été essentiellement
affaiblie par une politique monétaire européenne désastreuse, par la
morosité de la demande intérieure, par les difficultés de l’accès au
crédit pour financer des investissements productifs et la recherche et
développement, par l’absence d’harmonisation des normes sociales et
environnementales en Europe, etc …
La loi El Khomri n’est toutefois qu’une étape. Quelle est la suite ?
La réponse est simple : la suppression du CDI fusionné dans un contrat
unique à durée déterminée renouvelable et la fin du statut des
fonctionnaires. C’est précisément la proposition de notre “éminent” prix
Nobel Jean Tirole dont les propositions sont reprises en boucle au sein
du MEDEF et de la droite.
La modèle de “flexisécurité” qui est souvent
scandé, à savoir la portabilité des droits sociaux en corollaire de la
flexibilité du marché du travail n’est qu’un leurre car le rapport de
force politique ne permet nullement d’envisager une amélioration des
droits sociaux des travailleurs et l’indemnisation des chômeurs.
L’objectif de la flexisécurité, comme le prouve l’ANI, est au contraire
d’accompagner la précarisation du travail par des milliards d’euros de
fonds publics donnés sans contrepartie au MEDEF afin qu’il oriente
unilatéralement la politique de formation du pays et qu’il mette la main
sur la prévoyance d’entreprise au prix d’une destruction de la Sécurité
sociale des Français.
La pétition "Loi travail : non merci !", lancée par des militants associatifs et des syndicalistes compte déjà presque un million de signataires ! et c'est la vraie bonne nouvelle depuis longtemps...Cette vague d’indignation, les mouvements ainsi que les initiatives qui éclosent ça et là font naitre à nouveau l'espoir dans une France morose et consternée qui assiste impuissante au saccage de tout ce qui avait été construit par le Conseil National de la Résistance...
La menace de brandir le 49-3 pour faire voter cette loi ultra libérale montre à bien des égards la nervosité et la fébrilité d'un gouvernement presser d'en finir avec les valeurs que la gauche à toujours porté, jusqu'en 2012 !
Alors le 9 mars on fait gréve,
on descend dans la rue
pour dire notre ras le bol d'une politique ultra libérale
et dire non à la casse du code du travail.
13 h place de la Victoire Bordeaux